Le Mémorial

Le Mémorial Canadien de Vimy

Le memorial de Vimy est le plus prestigieux des monuments canadiens d'Europe. Il est situé à l'emplacement même des combats de 1917 dans les environs de Vimy dans le Pas-de-Calais en France. Erigé sur le point culminant de la colline, la côte 145, l'objectif des opérations débutées le 9 avril 1917. Il domine la plaine de Douai.

En 1921, l'architecte et sculpteur Walter S. Allward(1875-1955) remporte le concours de la Commission canadienne des mémoriaux de champs de bataille. L'importance des combats du lieu et la situation favorable au sommet de la colline permirent à Vimy de recevoir l'oeuvre la plus prestigieuse.

Pour créer le monument, Allward fut inspiré par un rêve qu'il eût pendant la guerre :

"Un soir, durant la guerre, je suis allé au lit l'esprit tourmenté, après avoir longuement pensé à la boue et à la misère qui existaient en France, où la situation était alors au pire...J'ai rêvé que j'étais sur un immense champ de bataille. Je voyais nos hommes s'y engouffrer par milliers et y être fauchés par la mort...Ne pouvant en supporter plus, je tournai les yeux et aperçus une avenue bordée de peupliers. Et, dans cette avenue, des milliers d'hommes arrivaient à la rencontre des nôtres. C'étaient les morts qui se levaient en masse, s'alignaient en silence et couraient à l'aide des vivants. Cette impression fut si forte qu'elle restât avec moi durant des mois. Sans les morts, nous étions sans ressources. J'ai voulu montrer, dans ce monument élevé en rappel de ceux qui sont tombés, ce que nous devions à ceux-ci et que jamais nous ne les oublierions."

L'architecture du monument se compose de vingt personnages et d'un socle massif surmonté de deux immenses piliers. Taillée dans un seul bloc de 30 tonnes, la statue principale, symbolisant l'esprit du Canada pleurant ses disparus, domine la plaine de Douai.


Au sommet, se trouvent les anges de la Justice et de la Paix jouant les gardiens de la porte. A l'avant du monument, entre les piliers, deux statues représentent l'esprit de sacrifice pour l'une et le passage du flambeau pour l'autre. C'est une référence à l'un des poèmes les plus célèbres de la Grande Guerre In Flanders Fields (Au champ d'honneur), rédigé par le lieutenant-colonel John McCrae du Corps médical de l'Armée canadienne.



Les pylônes de 27 mètres de haut symbolisent à la fois les portes de l'éternité ainsi que la France, par la fleurs de lys, et le Canada, par les feuilles d'érables. Ils sont également ornés des représentations de la Vérité, de la Connaissance, de la Vaillance, de la Sympathie et des blasons du Canada, de l'Angleterre et de la France.

De part et d'autre du mur de la façade, on distingue des canons ornés de branches de laurier et d'olivier symbole de la Victoire et de la Paix. Au dessous, des personnages représentent le Brisement du Sabre et la Sympathie pour les Victimes. Chacune des statues du monument incarne un idéal : la Justice, la Paix, l'Honneur, la Foi, la Charité, la Vérité, la Connaissance, l'Espoir...

Sur son socle, sont gravés les mots suivants :

"À LA VAILLANCE DE SES FILS PENDANT LA GRANDE GUERRE, ET EN MÉMOIRE DE SES SOIXANTE MILLE MORTS, LE PEUPLE CANADIEN A ÉLEVÉ CE MONUMENT."

11 285 noms des portés disparus sont également gravés dans la pierre pour l'éternité. Cette liste complète ceux du monument élevé en souvenir des Armées de l'Empire Britannique à la porte de Menin Ypres. En effet, 18 283 soldats canadiens n'ont jamais été retrouvés...

Les travaux de construction débutèrent en 1925. Les difficultés furent nombreuses. En raison da la durée des combats au même endroit pendant quatre ans, le sol fut meurtri. Il est truffé de cratères, de grenades et d'obus non éclatés. Quant au sous-sol, il est criblé de galeries. De nombreux ouvriers sont blessés. Les glissements de terrains étaient importants et il fut impossible d'utiliser les engins de terrassement. 15 000 tonnes de béton armé furent nécessaires pour les fondations, 6000 tonnes de calcaire pour la réalisation du monument lui même. Ironie de l'histoire, la pierre fut extraite d'une carrière à Trau, située près de Sarajevo, en Yougoslavie, où avait eu lieu, en 1914, l'assassinat de l'Archiduc autrichien François-Ferdinand et de sa femme, événement qui avait précipité le déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Le mémorial fut inauguré le 26 juillet 1932 en présence du Roi Edouard VII et d'Albert Lebrun, le Président de la République Française. Ernest Lapointe, ministre canadien de la Justice, sut exprimer les sentiments de ceux qui étaient présents et renforcer les messages contenus dans le monument d'Allward en disant :


"L'ultime hommage que nous pouvons offrir aux soldats canadiens, est d'affirmer que leurs sacrifices ont contribué à introduire dans notre civilisation le plus grand principe moderne celui de la Paix basée sur la reconnaissance des droits des peuples à la vie et la justice."


100 000 personnes assistèrent à la cérémonie dont 8 000 anciens combattants canadiens. Chaque année, une cérémonie commémorative a lieu le 9 avril, date anniversaire de la bataille.
Le Canada, en remerciement, reçut de la France le territoire du parc de 110 hectares désormais "terre canadienne à perpétuité". Il est planté de 11 285 pins du Canada en hommage aux 11 285 soldats canadiens portés disparus durant les combats de toute la guerre.

Une multitude de nécropoles, de cimetières, de mémoriaux et de vestiges de tranchées témoigne de la violence des combats. C'est dans une de ces nécropoles proche de la crête qu'a été choisi en mai 2000 le soldat inconnu canadien de la Grande Guerre.

La morphologie du sol du parc montre encore les tourments subis par cette terre sous les intenses bombardements de la guerre. Ces portions non déminées ont été semées d'herbe pour les préserver de l'érosion. Des troupeaux de moutons les entretiennent naturellement.

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